Comment fonctionne le système public en France ? Pourquoi une si mauvaise image ? Est-ce fondé ? Beaucoup de questions souvent posées. Je ne vais pas ici y répondre, mais plutôt apporter un petit éclairage en exposant mon expérience de travail en collaboration avec un organisme public, l’échec du projet qui devait être monté et ce que j’ai pu en sortir comme enseignements.
La genèse : j’ai été contactée pour monter un club de communication orale au sein d’une structure para publique. J’ai trouvé l’idée très bonne et j’ai tout de suite été enthousiaste de voir ainsi un organisme style d’état s’intéresser aux outils qui fonctionnent dans le cadre privé et associatif. Et également l’habitude d’avoir vu des collaborations nombreuses et fructueuses outre atlantique. L’envie d’aider et de partager était très forte et je me suis engagée à apporter mon assistance et mon animation pour soutenir le projet.
Après plusieurs mois je devais me rendre à l’évidence : c’était un échec. Etait donc venu le temps de déterminer d’où il venait. Pourquoi, alors que j’avais parfaitement réussi seule à monter un projet bien plus compliqué à la base, au sein d’une organisation disposant de logistique et de personnel la même chose ne pouvait pas se faire ?
Mon analyse avec le recul est simple : un manque d’investissement des gens qui étaient en charge de porter le projet. Sans suivi on ne peut pas motiver des gens et monter un groupe, sans leadership on ne fédère pas, sans investissement on ne créé rien, sans engagement on n’avance pas. Et je n’ai pas trouvé d’interlocuteur souhaitant réellement s’investir ou faire bouger les choses.
Alors j’aurais peut être pu et du faire plus, mais à ma décharge je n’avais ni la légitimité ni l’accès aux informations. Par contre j’ai été maintes fois à l’initiative de réunions ou de demandes d’organisation qui n’ont rien donné. Peut être que là j’aurai du réagir plus vite. Possible. Voyant qu’il me fallait demander les choses à répétition et parfois ne pas les obtenir. J’aurai du en tirer plus rapidement les conclusions quand à l’envie de concrétiser de mes partenaires. Mais d’un autre côté il fallait donner le temps aux personnes de réellement prendre leur place et de comprendre le besoin d’implication.
Alors finalement j’en ressors avec un gout amer, une impression d’avoir été utilisée pour faire le travail d’autres et ce sans reconnaissance. L’impression d’avoir donné à des gens qui eux n’avaient aucune intention de partager en fin de compte.
Est-ce que pour autant j’ai perdu mon temps ? Bien sur que non. Déjà car j’ai eu la chance de donner à d’autres, j’ai fait de belles rencontres et surtout j’ai une expérience de travail avec ce type d’organisation ce qui me sera probablement précieux. J’ai aussi compris que mon enthousiasme et ma naïveté pouvaient être utilisés contre moi, mais en aucun cas je ne regrette ou souhaite changer à ce niveau là. Je serai peut être plus prudente, mais je ne tiens pas à sortir aigrie ou moins généreuse de cette aventure. Ceux qui perdent sont ceux qui ne saisissent pas les chances et qui n’apprennent pas de leurs erreurs. Et j’aurai tout perdu si je rentrais dans le rang de ceux qui n’avancent pas ou s’économisent, si je me mettais à chercher l’apparat plus que l’action, si je refusais mon aide à l’avenir de peur d’être utilisée.
Ce que je gagne maintenant c’est de l’expérience. L’expérience qu’il faut un leader à chaque projet. L’expérience qu’il est bien plus facile de mettre la faute sur les autres, l’expérience que travailler avec des gens qui n’ont pas les mêmes ambitions et visions peut déboucher à de l’incompréhension. Mais l’expérience aussi que la communication aide à comprendre, l’expérience aussi qu’avec certains il est très important de passer du temps à définir les objectifs, les moyens de les atteindre et surtout l’investissement de chacun pour y arriver, l’expérience qu’il me faut travailler plutôt avec des gens qui sont autonomes et dynamiques.
Ca va surement m’aider pour mes prochains projets qui sont déjà en train de voir le jour. J’ai tellement à apprendre. J’ai tellement à donner et à partager. Je ne m’arrête pas là et j’en ressors plus riche. Un grand merci à ceux qui m’ont aidé à aller plus loin. Un grand merci à ceux qui m’apportent expériences et enseignements. Je crois qu’on apprend plus de ses échecs que de ses réussites et en ce sens j’ai fait un grand pas en avant. Merci.