Le Blog de Stéphanie Schmitt, Partenaire de Réussite

Chaque année, environ 250 000 personnes immigrent au Canada avec le statut de résident permanent. Pour moi ce fut en 2000. J'ai sauté le pas direction Montréal pour une belle et grande aventure. Car contrairement à beaucoup d'immigrants ce n'était pas des difficultés politiques, la guerre, des raisons sécuritaires ou une situation économique qui motivait mon changement de patrie. Mon objectif à moi était de changer de vie, de me mettre en danger, d'apprendre et de découvrir. Je cherchais l'aventure humaine. 

Et c'est une aventure que d'immigrer. Avant même de partir déjà commence un travail important : les dossiers, tests et entretiens pour obtenir un visa. Car le Canada accepte l'immigration, mais l'immigration choisie et avant de savoir s'il sera possible de tenter l'aventure, il faut compter une bonne année de démarches et d'investissements. Puis le visa arrive... Grande joie ! A partir de cette date on a un an pour partir. Et à partir de cette date le rêve prend encore plus corps. Les projections d'un avenir différent se mêlent aux préparatifs d'un déménagement transatlantique.

Les au-revoir ensuite. La peur et l'excitation. Et puis le statut particulier. Car en France quand on tente l'aventure on devient une star pour son entourage : j'étais si courageuse. Mais arrivée au Québec alors que je suivais le stage d'intégration, mon statut avait bien changé. Tout le monde autour de moi avait immigré et je faisais partie des favorisés, de ceux qui était partis pour l'aventure, avec des moyens. 

Ce n'est pas le seul choc. Les premières semaines sont difficiles. Le rêve se confronte à la réalité. Pour trouver un emploi il est mieux d'avoir déjà une première expérience canadienne : difficile quand on arrive. Pour prendre un appartement il faut un compte en banque et pour un compte en banque on demande une adresse. Et puis surtout on arrive dans un pays où personne ne nous attend. En naissant quelque part tout se met en place autour de nous progressivement, on est attendu et on fait tout de suite partie d'un groupe. Là comme immigrant on est juste un arrivant de plus et les gens autour se sont déjà fait un entourage. Tout est à construire. Et souvent seul. 

C'est là que j'ai compris le besoin de se retrouver en communauté quand on arrive d'ailleurs, quand on ne fait pas naturellement partie. L'homme n'est pas fait pour être isolé. On a besoin des autres et ce besoin devient plus clair quand on expérimente le dépaysement. Alors on se recréée une famille, un groupe, souvent avec des personne qui partagent nos difficultés et notre culture. Car à l'extérieur tout est différent, plus de cadre, il faut s'adapter à une nouvelle manière de faire, à de nouvelles lois, à de nouveaux usages, à une langue différente, à des coutumes qui nous paraissent étranges et à une manière de vivre bien éloignée de celle qu'on connait. Tant à apprendre. Tant à comprendre. 

Mais ces épreuves sont aussi l'occasion de nous rendre compte de notre capacité d'adaptation, d'intégration, de partage et de ce dont on est capable. Il faut se battre, les rêves s'évaporent, mais souvent pour donner des choses encore plus belles, des rencontres et un enrichissement personnel exceptionnel. Pour moi j'ai été au delà de ce que j'attendais. Je me suis transformée et j'ai maintenant la chance de porter en moi deux cultures que j'aime. J'ai relativisé, compris mes chances et tant appris. Cette expérience m'a rendue meilleure et pour ça je remercie le Canada dont je suis maintenant citoyenne.

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